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Manger sain à l'Île Maurice : découvrir sans culpabiliser

nouilles bouillies
leungchopan / envato.com
Écrit parOummé Deedarun-Guérinle 22 Avril 2025

C'est indéniable, les Mauriciens aiment manger ! Mieux encore, ils apprécient la curiosité des nouveaux arrivants qui n'hésitent pas à manger local. Car oui, la tentation est grande de plonger, fourchette en main, dans cette cuisine aux multiples influences. Entre les différentes sortes de cari (curry), le dholl puri dégusté dans la rue comme snack, les gâteaux piments engloutis comme de petits bonbons ou encore le fameux bol renversé sino-mauricien ou le mine bouillie pour le déjeuner, l'attrait de la nouveauté des premiers mois peut rapidement se traduire par une prise de poids et un déséquilibre alimentaire. Alors, comment se faire plaisir tout en gardant la santé, surtout quand vous venez d'un pays aux habitudes alimentaires différentes ? 

L'euphorie des premiers temps : attention aux kilos qui s'installent

Les premiers mois d'expatriation à Maurice sont souvent marqués par une sorte d'euphorie gastronomique. Vous voulez tout goûter, tout essayer ! C'est normal et même recommandé pour vous immerger dans la culture locale. Mais cette période d'exploration intensive peut rapidement se traduire par quelques kilos supplémentaires sur la balance.

La street food mauricienne, omniprésente, constitue souvent le premier piège. Le dholl puri (prononcez « dal pouri »), galette à base de pois cassés jaunes, tartinée de curry de haricots, est certes délicieux, mais riche en glucides : surtout qu'il est traditionnellement accompagné d'un verre de alouda, boisson composée de lait frais, de graines de basilic, de gelée rapée et de sirop. Les boulettes cuites à la vapeur, servies dans leur bouillon, peuvent sembler légères, mais elles sont aussi une source importante de glucides. Quant au mine frit, nouilles sautées au wok avec des légumes et, selon les envies, de la viande et des oeufs, ils sont souvent préparés avec une quantité d'huile généreuse, ce qui les rend plus caloriques qu'elles n'en ont l'air.

Les invitations à manger chez vos nouvelles connaissances, collègues mauriciens ou même lors des mariages dans le voisinage ajoutent une dimension particulière à cette intégration à travers la cuisine. L'hospitalité mauricienne est légendaire et vos hôtes seront fiers de vous faire découvrir les plats traditionnels. Refuser un supplément ou ne pas finir son assiette peut être interprété non pas comme un manque de respect, mais comme un signe que l'on n'a pas aimé, un uppercut au cœur du cuisinier ou de la cuisinière. Alors, par simple courtoisie, vous vous retrouverez souvent à manger plus que de raison. Si ce rythme devient trop fréquent, il peut rapidement avoir un impact sur votre ligne et votre santé.

Les stars de la cuisine mauricienne

La cuisine mauricienne est aussi riche que la diversité culturelle de l'île, avec des influences indiennes, créoles, chinoises et françaises. Quelques plats méritent particulièrement votre attention, mais il est conseillé de les consommer avec modération après la phase de découverte.

Le cari mauricien incarne l'âme de la cuisine locale. Au poulet, au poisson, bœuf, agneau, abats, il repose sur des épices chaudes telles que le cumin, la coriandre, le piment et le safran jaune ou curcuma. Généralement accompagné de riz ou de roti (galette), il permet de faire un repas complet, mais copieux.

Le briani mauricien, ce cousin éloigné du biryani indien, mélange riz basmati, pommes de terre, viande et parfois œufs durs avec une liste complexe d'épices, le tout cuit dans une marmite scellée. Bien que sa richesse en fasse un plat à consommer avec modération, vous serez surpris de le retrouver partout sur l'île. Autrefois réservé aux grandes occasions comme les mariages ou fêtes religieuses, il fait aujourd'hui aussi partie de la cuisine de rue. Vous le trouverez facilement dans des échoppes ou même vendu depuis des voitures transformées en points de vente ambulants.

N'oublions pas le bol renversé, spécialité sino-mauricienne qui combine riz, légumes, viande et œuf, présentée de façon spectaculaire. Le serveur retourne devant vous ce bol dont le contenu forme alors une petite montagne couronnée d'un œuf au plat. Appréciez son côté ludique, mais gardez à l'esprit sa teneur calorique.

La rougaille, en revanche, peut constituer une option plus équilibrée. Cette sauce créole, cuisinée à base de tomates, d'oignons de gingembre, d'ail et de feuilles de curry se décline nature ou avec différentes protéines, voire légumes. Essayez la version au poisson pour un repas léger et savoureux.

Dans le même esprit, ne manquez pas non plus le vindaye poisson, plat qui célèbre les épices comme la moutarde, l'ail et le curcuma. Relativement pauvre en graisses, il représente un bon compromis entre découverte et équilibre nutritionnel.

Déchiffrer les étiquettes au supermarché : un art à maîtriser à Maurice

Après quelques semaines d'exploration culinaire tous azimuts, vous ressentirez probablement le besoin de reprendre le contrôle de votre alimentation. La lecture des étiquettes devient alors essentielle. À Maurice, cette compétence est d'autant plus importante que les standards peuvent différer de ceux de votre pays d'origine.

Ne vous fiez pas aux apparences : l'avant du paquet n'est que du marketing. La véritable information nutritionnelle se trouve au dos. Prenez l'habitude de retourner systématiquement les produits avant de les mettre dans votre panier. Une liste d'ingrédients longue (plus de 7 éléments), des termes comme « poudre », « extrait », « amidon modifié » ou des noms chimiques incompréhensibles signalent généralement un produit ultra-transformé : donc à éviter.

Attention également aux mentions comme « light », « allégé », « zéro » ou « sans sucre ajouté ». Ces termes sont souvent trompeurs, car ils ne garantissent pas un profil nutritionnel sain. Pour compenser le goût, ces produits contiennent fréquemment des édulcorants ou additifs, qui peuvent rendre leur impact sur la santé encore plus problématique que celui des versions classiques.

Le pain local, peu réglementé, peut également être riche en additifs, tout comme les céréales sucrées, les snacks salés et les biscuits « sans sucre », qui affichent des compositions nutritionnelles loin d'être idéales. De plus, les boissons industrielles, omniprésentes sous le climat tropical, représentent une source majeure de sucres cachés. Même les produits végétariens transformés et les compléments protéinés sont rarement aussi sains qu'ils le laissent entendre.

Oui, on peut avoir une alimentation équilibrée à la mauricienne !

Une fois passée la phase de découverte, vous pourrez adopter un mode alimentaire plus équilibré sans vous priver des saveurs locales. Maurice regorge de produits frais et nutritifs qui constituent une excellente base pour une alimentation saine.

Les féculents traditionnels comme la patate douce, le manioc et l'arouille vous offriront des alternatives intéressantes au riz blanc. Plus riches en fibres et nutriments, ils se digèrent plus lentement tout en vous apportant davantage de vitamines.

Vous découvrirez également les légumes feuilles locaux comme les brèdes et les épinards mauriciens. Ces verdures, cuisinées simplement à l'étouffée avec un peu d'ail et d'oignon, constituent un accompagnement léger et nutritif pour vos plats.

Profitez des protéines de qualité abondantes sur l'île : poissons, tofu, œufs et légumineuses. Le poisson, particulièrement, occupe une place centrale dans la cuisine mauricienne traditionnelle. Vous le trouverez frais sur les marchés à des prix abordables, bien plus intéressants que les viandes importées.

Les fruits tropicaux viendront compléter votre alimentation avec leurs saveurs inédites pour ne pas dire paradisiaques et leur richesse en vitamines. Bananes, mangues, papayes et fruits de la passion agrémenteront vos petits déjeuners et collations sans culpabilité.

N'oubliez pas les épices et aromates qui font la renommée de la cuisine mauricienne. Gingembre, curcuma, cari poulé (feuilles de curry)... Ces ingrédients apportent du goût sans calories excédentaires et possèdent souvent des propriétés bénéfiques pour la santé.

Pour manger mieux sans grever votre budget, adoptez quelques habitudes simples. Cuisinez à la maison en préparant des quantités suffisantes pour plusieurs repas. Achetez local et de saison sur les marchés, bien moins chers que les supermarchés pour les produits frais. Réintégrez les aliments traditionnels mauriciens dans votre menu quotidien. Évitez les snacks industriels en préparant vos propres en-cas. Enfin, privilégiez les protéines économiques comme les œufs et les légumineuses.

Restez actif sous le soleil mauricien

À Maurice, le climat peut parfois décourager l'activité physique. La chaleur humide incite davantage à la sieste qu'à l'effort sportif. Pourtant, l'île vous offre d'excellentes possibilités pour rester en forme.

Profitez des plages pour pratiquer des activités physiques agréables : natation, marche sur le sable, paddle, kayak... L'eau de l'océan rend l'exercice plus supportable, même aux heures chaudes de la journée.

Explorez la nature lors de randonnées dans les parcs nationaux ou d'ascensions des montagnes emblématiques comme Le Morne ou le Piton de la Petite Rivière Noire. Ces sorties vous permettront de découvrir des paysages à couper le souffle tout en faisant travailler vos muscles.

N'hésitez pas à rejoindre des groupes sportifs formés par d'autres expatriés. De nombreuses sessions de yoga sur la plage ou en pleine nature, sorties vélo ou matchs de beach-volley s'organisent régulièrement via les réseaux sociaux. Ces activités constituent une excellente façon de tisser des liens dans votre nouvel environnement tout en perdant quelques kilos.

L'équilibre alimentaire à la mauricienne : mythe ou réalité ?

La vie à Maurice vous offre une opportunité unique de repenser votre rapport à l'alimentation. Plutôt que d'importer vos habitudes, inspirez-vous du meilleur de la culture locale pour créer votre propre équilibre alimentaire.

Adoptez le rythme local pour les repas, généralement plus précoce que dans les pays occidentaux. Les Mauriciens dînent souvent dès 19h, ce qui laisse à votre corps le temps de digérer avant le coucher.

Pratiquez la modération plutôt que la restriction : goûtez à tout, mais en quantités raisonnables. La diversité de la cuisine mauricienne vous permettra de varier les plaisirs sans vous lasser.

Apprenez à cuisiner vous-même les plats locaux pour contrôler les ingrédients et les quantités. De nombreux cours de cuisine sont proposés aux expatriés, une expérience qui vous donnera les clés de cette gastronomie métissée.

Intégrez davantage de poisson et moins de viande rouge dans votre menu, comme dans le régime mauricien traditionnel. Cette habitude, bénéfique pour votre santé cardiovasculaire, vous permettra également de réduire votre empreinte carbone.

Découvrez enfin les remèdes naturels mauriciens : tisanes, infusions aux plantes locales, qui peuvent vous aider à la digestion et au bien-être général. La pharmacopée traditionnelle regorge de trésors que les Mauriciens utilisent depuis des générations.

L'équilibre qui vous convient

Manger local, oui. Dire oui à tout, non. S'installer à Maurice, c'est apprendre à jongler entre générosité culinaire et lucidité alimentaire. Ce n'est pas refuser l'invitation, c'est savoir quand s'arrêter. Goûter, découvrir, partager, mais aussi dire non sans culpabilité. C'est dans cette mesure que se construit un mode de vie durable. Pas dans les excès, ni dans la restriction.

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A propos de

Après une carrière en informatique en France, j’ai choisi de revenir à l’île Maurice, où je suis née, avec mon mari et mes deux enfants en 2011. Depuis près de 10 ans, je travaille comme rédactrice de contenu web et traductrice indépendante.

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