
Mauvaise nouvelle pour les expatriés – actuels et futurs – à l'île Maurice : le budget national 2025/2026, marqué par une logique d'austérité, va directement impacter les étrangers propriétaires de biens immobiliers sur l'île. Acheter, vendre ou transférer un bien coûtera désormais plus cher, avec des taxes en hausse. Et ce n'est pas tout : certaines de ces nouvelles taxes s'appliqueront même rétroactivement, y compris sur des biens achetés avant 2025. Les avantages fiscaux généreux accordés depuis 2016 à certains programmes immobiliers touchent ainsi à leur fin.
Fin des incitations fiscales pour les dispositifs Smart City et Property Development Scheme
En 2019, le ministère des Finances avait mis en place des exonérations fiscales sur les transactions immobilières réalisées dans le cadre du Smart City Scheme (SCS) et du Property Development Scheme (PDS). Ces avantages avaient même été appliqués de manière rétroactive aux acquisitions effectuées dès janvier 2016 et, dans certains cas, jusqu'à trois ans en arrière. Cette politique avait ouvert grand les portes de l'île aux expatriés, séduits par la perspective de s'y installer, en particulier pendant la pandémie de COVID-19 et dans les années qui ont suivi.
Mais cette période favorable touche à sa fin. Face à un niveau d'endettement préoccupant et à un déficit budgétaire élevé, le gouvernement mauricien a durci le ton. Sa priorité aujourd'hui : réduire de moitié le déficit et améliorer la notation Moody's du pays. Dans cette logique, les mesures d'austérité n'ont épargné aucun secteur, et les impôts ont été revus à la hausse – notamment ceux qui concernent les sociétés et l'immobilier.
Conséquence directe : plusieurs taxes, jusqu'ici suspendues dans le cadre des régimes SCS et PDS – souvent utilisés par les expatriés pour faire des acquisitions immobilières – sont désormais rétablies. Voici celles qui ne bénéficieront plus d'exonération :
La TVA sur les bâtiments et les infrastructures ;
Le droit d'enregistrement, à la charge de l'acheteur, si un terrain est vendu à une société Smart City ;
La taxe de transfert foncier, à la charge du vendeur, dans le même cas de figure ;
La taxe de conversion des terres, lorsqu'un terrain est reclassé (par exemple, d'agricole à résidentiel) ;
Les frais de morcellement, c'est-à -dire la taxe prélevée lors de la subdivision d'un terrain en parcelles ;
Les droits de douane sur l'importation de matériaux de construction, d'équipements et de mobilier pour les maisons en construction ;
L'exonération d'impôt sur le revenu pendant huit ans, auparavant accordée aux revenus générés via un projet Smart City, notamment les loyers.
À noter que deux de ces taxes s'appliqueront également de manière rétroactive aux projets immobiliers ayant commencé avant juin 2025. Il s'agit des droits de douane à l'importation (matériaux, machines, mobilier) et de la taxe de conversion des terres. En revanche, les autres prélèvements ne concerneront pas les constructions déjà entamées avant l'annonce du budget en juin.
Des taxes en hausse sur les biens immobiliers achetés sous tous les régimes de l'EDB
Les hausses de taxes ne se limitent pas aux dispositifs Smart City Scheme (SCS) et Property Development Scheme (PDS). Elles s'étendent à l'ensemble des régimes immobiliers encadrés par l'Economic Development Board (EDB), qui permettent aux étrangers d'acheter un bien à l'île Maurice.
Concrètement, les expatriés doivent désormais s'attendre à des coûts nettement plus élevés lorsqu'ils achètent, revendent ou transfèrent un terrain ou un logement dans le cadre des dispositifs suivants : Integrated Resort Scheme (IRS), Real Estate Scheme (RES), Invest Hotel Scheme (IHS), tout appartement situé au moins au deuxième étage au-dessus du niveau du sol , ainsi que les régimes SCS et PDS déjà évoqués.
Voici les principaux changements à retenir :
Droit d'enregistrement : Pour les acheteurs étrangers, ce droit passe de 5 % à 10 % de la valeur du bien. C'est donc un doublement du coût initial à l'acquisition.
Taxe de transfert foncier (en cas de revente par un expatrié) : Lorsqu'un expatrié revend un bien, il devra s'acquitter non seulement d'une taxe de 10 % sur la valeur du bien, mais aussi de 30 % sur le profit réalisé lors de la revente. Autrement dit, une fiscalité bien plus lourde sur les plus-values.
Taxe de transfert foncier pour les promoteurs immobiliers expatriés : Si l'expatrié exerce comme promoteur à l'île Maurice, la taxe appliquée au moment de la vente passe elle aussi de 5 % à 10 % de la valeur du bien vendu.
Une perte de confiance chez les investisseurs étrangers
Sur le forum d', la réaction d'un expatrié britannique résume bien le sentiment d'inquiétude qui gagne une partie de la communauté étrangère à l'île Maurice. Il dénonce le caractère rétroactif des hausses fiscales annoncées dans le budget 2025/2026, qu'il qualifie de « coup de massue pour la confiance dans l'immobilier ». Ayant déjà versé un acompte de 10 % pour une propriété en 2023, il regrette que ces changements fiscaux ne lui aient pas été connus au moment de son engagement. S'il dit comprendre les impératifs économiques du gouvernement, il s'inquiète d'un message perçu comme hostile par les investisseurs étrangers. Sur ce même fil de discussion, deux autres expatriés britanniques expriment des inquiétudes similaires. Tous deux affirment qu'ils revoient actuellement leur projet de s'installer durablement à l'île Maurice et qu'ils envisagent sérieusement de chercher une destination plus attractive sur le plan fiscal. L'un d'eux, ancien agent immobilier à la retraite, se montre particulièrement amer : il confie qu'il hésitera désormais à recommander l'île Maurice à ses amis ou anciens clients étrangers désireux de s'expatrier ou de prendre leur retraite sous les tropiques.
Même son de cloche auprès des ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ expatriés à Maurice : « Taxes, impôts, contributions, etc. On se croirait en France. Tous les gouvernements cherchent désespérément des milliards, mais vu qu'ils sont incapables de créer de la richesse, tout ce qu'ils savent faire, c'est taxer, jusqu'à produire l'effet inverse de celui recherché ! À terme, ce ne sont pas les étrangers qui seront perdants, mais bien Maurice, car les résidents et les touristes iront voir si l'herbe est plus verte ailleurs », s'insurge Richard. Taps, en revanche, se montre plus optimiste : « Les dirigeants mauriciens composent avec des difficultés majeures pour la population. Le budget annuel ne sort pas d'un chapeau : ce sont des directions d'un pays qui a l'habitude d'agir et de réagir vite aux vents favorables et contraires. Pas tout le temps avec succès, mais tout le temps avec l'engagement patriotique véritable des Mauriciens qui avancent ensemble. Alors oui, il faut payer plus d'impôts, oui, j'aurais préféré en payer moins. Mais j'ai confiance dans les Mauriciens pour faire les bons choix et bon usage de cet argent pour le futur et pour la réduction des inégalités… »
Sources :