
Le Royaume-Uni revoit sa stratégie migratoire. Un nouveau visa pour investisseurs étrangers est à l'étude, tandis que l'accès à la résidence permanente devient plus strict. Entre attractivité économique ciblée et durcissement des règles, Londres cherche un nouvel équilibre.Â
Vers la création d'un nouveau visa d'investisseur ?
Le Royaume-Uni cherche un souffle nouveau. Le pays affiche une croissance de 0,7 % au premier trimestre 2025, principalement tirée par l'investissement et le commerce extérieur. Et si le nouveau souffle se trouvait justement du côté des investisseurs étrangers ? C'est l'option qu'envisagerait le gouvernement Starmer. Un nouveau visa spécialement conçu pour les riches étrangers serait à l'étude. Mais rien d'officiel pour l'instant. Selon les premières informations, le gouvernement pourrait cibler les étrangers investissant dans l'économie de demain et les « pôles économiques essentiels » : énergies vertes, intelligence artificielle (IA) ou encore nouvelles technologies.
Le projet de visa entend également rétablir l'image du pays, quelque peu écornée par le tour de vis migratoire (entrepris notamment depuis le précédent gouvernement). Starmer a repris l'objectif de réduire l'immigration nette. Depuis le 4 avril, un paquet de nouvelles règles migratoires durcit un peu plus les conditions d'entrée et de séjour pour les expatriés. La fin du régime fiscal des non domiciliés (non-dom) a également impacté les résidents étrangers.
Le nouveau visa d'investisseur se concentrerait sur les « meilleurs talents étrangers », susceptibles de contribuer de manière significative à l'essor de l'économie britannique. L'exécutif dit avoir tiré les leçons du , pour cause de soupçons relatifs à certains capitaux (notamment, des capitaux russes). Le nouveau visa d'investisseur serait assorti de conditions d'éligibilité plus strictes. S'agit-il pour autant d'un retour du « visa doré », surnom donné à l'époque au visa investissez de niveau 1 ? Les sceptiques craignent que le renforcement des contrôles annoncé par l'exécutif ne suffise pas à stopper l'entrée de capitaux illicites.
Résidence permanente : recul du délai d'attente
Les étrangers devront patienter plus longtemps pour demander la résidence permanente. C'est l'annonce faite le 19 mai par l'exécutif. Annonce faisant partie des propositions du livre blanc pour « rétablir le contrôle sur l'immigration », publié le 12 mai. Pour demander leur statut de résident permanent, les étrangers devront attendre non plus 5 ans, mais 10 ans. Objectif : faire de la résidence permanente un « mérite », notamment pour contribution à l'économie britannique, et non plus un « droit ».
Les nouveaux demandeurs et les expatriés déjà présents sur le territoire seraient visés par cette mesure. Le délai resterait cependant de 5 ans pour les personnes à charge venues sur le territoire grâce à un citoyen britannique. Le délai serait également raccourci pour les migrants « à très forte valeur ajoutée » et pour ceux pouvant prouver leur contribution « notable » à l'économie.
Parmi les autres propositions du livre blanc figurent le resserrement de la liste des emplois en tension ouverts au recrutement des étrangers, le durcissement des règles de parrainage pour les universités délivrant des visas étudiants, la réduction de la durée du visa étudiant, ou encore le renforcement des tests d'anglais pour les étrangers demandant un visa de travail ou un visa de personne à charge (dependent visa). Une seule mesure encourage l'immigration : celle des migrants à « forte valeur ajoutée ». Les talents étrangers et « hauts potentiels » pourraient bénéficier de visas spécifiques.
Mais pour l'instant, il ne s'agit que de propositions. L'exécutif s'engage à fournir les détails de son projet ultérieurement. Une consultation publique est également à l'étude. Ces propositions s'intègrent dans le plan de réduction de l'immigration nette. Certaines propositions, comme le doublement du temps d'attente pour demander la résidence permanente, sont néanmoins sujettes à débat, y compris chez des membres du gouvernement, qui craignent un effet contre-productif (fuite des talents étrangers, perte en attractivité).
Sources :