
Attirer toujours plus de talents étrangers. L'objectif des Émirats arabes unis reste inchangé. Les stratégies pour le mettre en place passent par la création de nouveaux visas. L'État veut s'imposer comme un pivot incontournable des échanges internationaux. Décryptage.
Mission Visa : le permis ultra flexible
Gagner en flexibilité et attirer toujours plus de talents étrangers : tels sont les objectifs du Visa de mission « Mission Visa » des Émirats arabes unis (EAU). Également appelé « Mission Work Permit », ce nouveau visa entend adapter le plus justement possible l'offre et la demande de travail. Car les entreprises peuvent avoir des besoins ponctuels, qui ne nécessitent pas de se lancer dans de longues démarches de permis de travail long. Le visa de mission est un visa de travail court taillé pour les courtes missions et les périodes d'essai. Il se décline en deux versions :
Le permis d'entrée « Mission Spéciale »
Ce permis s'adresse aux expatriés venant remplir une mission expresse aux EAU. De fait, ce permis n'est valable que 16 jours, sans possibilité de renouvellement ou d'extension. Il est délivré par le Département de la naturalisation et des affaires étrangères.
Le permis de travail spécial « Mission »
Délivré par le ministère des Ressources humaines et de l'Émiratisation (MOHRE), ce permis de travail dure plus longtemps : 60 jours, avec une extension possible, dans la limite de 90 jours. Il convient donc aux expatriés venant remplir une mission un peu plus longue, ou venant pour une période d'essai. Le travailleur étranger signera un contrat de travail et recevra un permis de travail aux EAU.
Points communs entre les deux permis
Les mêmes critères d'éligibilité s'appliquent pour le permis d'entrée et le permis de travail spécial :
- Les travailleurs étrangers ne peuvent pas postuler d'eux-mêmes. Seul l'employeur peut leur demander le visa.
- Les travailleurs étrangers doivent obligatoirement se trouver hors du territoire émirati au moment de leur recrutement.
- L'employeur sera impérativement basé aux EAU et enregistré au sein des services du MOHRE. Il devra respecter les conditions fixées par le gouvernement, notamment en matière de quota de travailleurs étrangers.Â
- L'employeur doit effectivement être en demande de travailleurs étrangers pour des missions de court terme. Lesdits visas ne doivent pas être détournés de leur objectif.
Les expats travaillant en indépendant peuvent-ils obtenir un visa de mission ?
Les deux versions du visa de mission sont réservées aux salariés. Les expatriés travaillant en indépendant ne peuvent se sponsoriser eux-mêmes pour obtenir le visa. Ils doivent être parrainés par une entreprise basée aux EAU et sont limités à 5 secteurs d'activité : les technologies de l'information, le conseil, le design, l'ingénierie et la construction.
Visa express, procédure accélérée
Là encore, la procédure est sensiblement la même pour les deux types de permis. Les autorités émiraties tablent sur des démarches rapides : entre 5 et 7 jours ouvrés. L'expatrié devra détenir un passeport valide (au moins 6 mois) et effectuer un test médical. Selon sa profession, il présentera les certificats demandés (diplôme, autorisation d'exercer…). Les Missions Visa coûtent entre 500 et 1 000 dirhams des Émirats arabes unis (AED) (entre 136 et 272 dollars). Le coût varie notamment en fonction de la classification de l'entreprise sur les registres du MOHRE. En principe, le coût du visa est pris en charge par l'employeur.Â
4 nouveaux visas de visite (Visit visa)
Comment attirer les talents étrangers du divertissement, de l'industrie touristique ou de l'intelligence artificielle (IA) ? Réponse avec les 4 nouveaux visas de visite, présentés le 29 septembre 2025 par les autorités émiraties.
Visa « spécialiste de l'IA » (AI specialist visa)
Comme son nom l'indique, ce visa est réservé aux pointures de l'IA. L'expatrié sera parrainé par une entreprise du secteur, et détiendra un visa à entrée simple ou multiple.
Visa « tourisme de croisière » (cruise tourism visa)
Pour attirer toujours plus de touristes étrangers, il faut au préalable renforcer les équipes ; le tourisme maritime est gourmand en main-d'œuvre. Une main-d'œuvre internationale, nécessairement flexible. Le visa « tourisme de croisière » à entrées multiples entend justement développer le tourisme maritime.
Visa « événementiel » (event visa)
Les EAU entendent accueillir les plus grands évènements professionnels et culturels internationaux. Pour attirer tous les experts étrangers, il fallait un visa taillé sur mesure. Le visa est justement destiné aux expatriés participant à des festivals, des conférences, des rencontres économiques, culturelles, en lien avec le sport ou l'éducation. Les expatriés seront parrainés par les organisateurs de ces évènements.
Visa « divertissement » (entertainment visa)
Les EAU poursuivent leur opération « gaming » : après le, le pays lance son visa « divertissement ». Alors que le visa « événementiel » touche divers secteurs économiques et culturels, le visa « divertissement » se concentre sur le gaming et l'entertainment. Les expatriés participant à des conventions et activités liées au divertissement pourront être sponsorisés par les organisateurs desdits évènements (organisateurs basés aux EAU).
Nouvelles règles pour mieux protéger les expatriées divorcées ou veuves
Perd-on son statut de résidente après un divorce ou le décès de son conjoint ? Comment se défendre dans le cadre d'un conflit avec le conjoint ? Comment préserver ses droits ? C'est pour répondre à l'inquiétude des résidentes étrangères que les EAU ont introduit de nouvelles règles de visa. Plus protectrices, ces règles autorisent (sous conditions) les femmes étrangères à conserver leur titre de séjour, et donc, à rester légalement sur le territoire émirati, même après le divorce ou le décès de leur conjoint.
Titre de séjour
Les expatriées veuves ou divorcées pourront conserver leur titre de séjour, sous conditions.Â
Étrangères précédemment mariées avec un citoyen émirati
Dans ce cas, l'expatriée veuve ou divorcée pourra bénéficier d'un permis de séjour si elles en font la demande dans les 6 mois suivant le décès ou le divorce.
Étrangères précédemment mariées avec un étranger
Le permis pourra être accordé aux femmes qui en font la demande dans les 6 mois suivant le décès du conjoint ou le divorce. La demandeuse doit avoir été parrainée par le conjoint ; elle doit se trouver sur le territoire émirati au moment de sa demande. Pour sponsoriser ses enfants, elle doit en avoir légalement la garde.
La réforme autorise néanmoins les étrangères veuves ou divorcées à renouveler leur permis de séjour seules : elles n'auront plus besoin de parrain.Â
Une avancée pour les droits des femmes
Les avocats saluent l'avancée. Ils rappellent qu'avant la réforme, le renouvellement du visa de l'expatriée était laissé à l'appréciation des juges. Une situation précaire qui nuisait, et aux femmes, et à leurs enfants. Pour les avocats, la réforme donne plus de liberté et de sécurités aux femmes. Elles peuvent prendre le temps de réfléchir à leur avenir aux EAU, sans craindre une expulsion. Les expatriées partagent l'analyse, et se disent soulagées.Â
Visiter ses proches
Il sera plus simple de visiter sa famille et ses amis, grâce à la réforme des visas de court séjour. Les personnes résidant aux EAU pourront parrainer leurs proches. Le revenu minimum à justifier sera fonction de la relation entre l'expatrié et le proche : l'expatrié devra gagner au moins 4 000 AED par mois (1 090 dollars) s'il veut parrainer ses parents au premier degré. Le revenu mensuel grimpe à 8 000 AED par mois (8 180 dollars) pour parrainer des parents du 2e ou 3e degré. Il faudra gagner près du double (15 000 AED/ 4 085 dollars) pour parrainer des amis.
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