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Comment la Finlande séduit les expats qualifiés et leurs familles

Helsinki
Great_bru / Envato Elements
Écrit parAsaël Häzaqle 07 Octobre 2025

Va-t-on un jour sortir du cycle des pénuries de main-d'œuvre ? C'est la question que se posent les nombreux pays toujours en manque de main-d'œuvre. Les départs en retraite et le faible taux de natalité n'aident pas à renouveler les « forces vives ». Les regards se tournent toujours et encore vers l'étranger. Le défi est de taille : comment attirer les familles expatriées ? La Finlande teste une nouvelle stratégie pour séduire les expats. Analyse.

La Finlande mise sur l'anglais pour attirer les expats

Difficile, le finnois ? C'est ce qu'on dit. Problème (qui n'en est pas un) : en Finlande, on parle finnois et suédois (les deux langues officielles). Ces langues sont-elles trop difficiles pour les expatriés et leurs enfants ? Des cours en anglais sont-ils la solution ? Le gouvernement finlandais le pense. Sa nouvelle loi, entrée en vigueur en août, va permettre aux lycées de proposer des cours en anglais dès août 2026 (le temps que le ministère de l'Éducation valide les programmes scolaires). À partir d'automne 2028, les lycéens étrangers pourront passer leurs examens en anglais. Mais attention : l'option « anglais » est réservée aux élèves ne maîtrisant pas les langues officielles. La Finlande n'en est pas à son premier coup d'essai. En 2021, le maire d'Helsinki de l'époque, Juhana Vartiainen, proposait d'introduire l'anglais comme langue officielle, afin d'attirer les étrangers.

Depuis fin 2020, la Finlande s'est lancée dans une « opération communication » auprès des familles étrangères : «  » : ou comment découvrir Helsinki durant 3 mois. Le programme cible les étrangers qualifiés. Chefs d'entreprise, investisseurs, chercheurs, cadres et autres professionnels expérimentés réseautent, rencontrent des talents locaux, tout en découvrant la vie finlandaise. L'avion et l'hébergement sont à leur charge, mais l'école ou la garderie sont gratuites pour les enfants. Les familles expats séduites par la découverte obtiennent une aide à l'installation et bénéficiaient d'une procédure accélérée pour la résidence permanente. L'opération est un succès : plus de 5 000 candidats lors de la première édition, pour seulement 15 familles élues. Les inscriptions sont déjà ouvertes pour l'édition 2026.

Pourquoi immigrer en Finlande en 2025 ?

Le programme 90 Day Finn est un succès, mais ne comble pas à lui seul les difficultés de recrutement. En 2025, les comptes sont toujours dans le rouge. La Finlande manque de bras. D'où sa nouvelle stratégie « éducative » pour attirer les familles expatriées.

Nouvelle réforme pour attirer les migrants qualifiés

Si l'actuel gouvernement durcit sa politique migratoire (exemple avec le projet de loi controversé du 12 juillet 2024), il veut en même temps accueillir davantage de travailleurs étrangers qualifiés. En effet, la pénurie de main-d'œuvre en Finlande touche particulièrement les secteurs recrutant « les talents ». L'affaire n'est pas nouvelle. Comme de nombreux pays, la Finlande est plongée dans une crise démographique. Le taux de natalité en Finlande est comparable à celui de l'Italie ou du Japon. Naissances en berne, population vieillissante… En 2021, on estimait qu'il faudrait entre 20 000 et 30 000 nouveaux immigrants par an pour renforcer l'économie.

Pour espérer inverser la tendance, la Finlande consent à assouplir les règles d'immigration pour les travailleurs non européens. C'est l'objet de sa dernière réforme, entrée en vigueur le 11 juin 2025. Une réforme qui transpose une directive européenne concernant le permis de séjour des travailleurs étrangers non européens. ¶Ù'²¹±è°ùè²õ le ministère finlandais de l'Emploi, les changements simplifieront les réembauches de migrants et faciliteront le droit du travail pour les étrangers.

Assouplissement des règles sur le chômage pour les expatriés qualifiés

Par exemple, le chômage ne constitue pas à lui seul un motif d'expulsion. La réforme confirme qu'en principe, l'expatrié dont le titre de séjour est lié au travail ne devra pas dépasser une période de 3 mois de chômage. Dans certains cas, la période de chômage pourra être de 6 ans. Les expats bénéficient néanmoins d'une période de protection, durant laquelle ils pourront chercher un nouvel emploi. La réforme allonge ces périodes de protection : 6 mois (contre mois 3 auparavant) pour les titulaires d'un permis de séjour lié au travail supérieur à 2 ans, pour les détenteurs d'une , les entreprises, les cadres et autres experts. La période de protection des autres travailleurs étrangers reste fixée à 3 mois.

Élargissement des secteurs de recherche d'emploi

Les détenteurs d'un permis de séjour pour travailleur salarié (permis lié au travail) en recherche d'emploi pourront désormais postuler dans un autre secteur que le leur.

Travailler en Finlande : quels sont les secteurs qui recrutent ?

¶Ù'²¹±è°ùè²õ , site officiel faisant partie de , programme gouvernemental favorisant l'immigration économique, de nombreux secteurs recherchent des étrangers qualifiés : cybersécurité, technologies de l'information et de la communication (TIC), santé, électronique, bioéconomie, industrie, énergies renouvelables… La Finlande s'illustre également dans les économies innovantes : jeu vidéo, numérique, data-centers. Le pays mise particulièrement sur les startups. Le site aide les étrangers à démarrer leur activité : pour eux, le gouvernement a prévu le startup. Il leur garantit un permis de résidence de 2 ans et peut être renouvelé.

Tout comme le 90 Day Finn, le programme Talent Boost est justement pensé pour promouvoir l'écosystème finlandais auprès des travailleurs qualifiés étrangers. Il leur garantit des avantages, notamment concernant les permis de travail, leur renouvellement, et l'intégration des familles. Car l'objectif est non seulement d'attirer, mais surtout de retenir les talents étrangers.

S'intégrer en Finlande : dépasser la barrière de la langue

La langue est l'une des principales barrières évoquées par les expatriés. D'où le projet de programmes scolaires en anglais proposés par le gouvernement finlandais. Mais assouplir les exigences en matière de langue est-elle la solution ? Oui, pour l'exécutif, qui, en facilitant les règles pour les enfants, entend attirer les parents. Mais quels programmes leur seront proposés ? Pourront-ils également se passer du finnois ?

En 2024, la réforme migratoire allemande a proposé cette stratégie (baisser le niveau de langue exigé) pour attirer les étrangers qualifiés, la baisse du niveau de langue exigé. Mais des voix se sont exprimées contre la mesure, qui, en réalité, défavoriserait les étrangers en freinant leur intégration. Mêmes réticences en Corée du Sud ou au Japon.

Le finnois est-il si difficile à apprendre ? Pas plus que le coréen ou le japonais et son système d'écriture complexe (kanjis hérités des langues, katanas, hiraganas, et rômaji, alphabet latin utilisé dans la langue japonaise). Certains analystes proposent une voie médiane, qui mettrait à contribution les entreprises finlandaises. Car pour recruter des étrangers, il faut des entreprises mettant en œuvre des conditions favorables à leur accueil. Or, plusieurs études montrent que les entreprises finlandaises auraient tendance à écarter les candidats dont le nom ne sonne pas finlandais. D'autres se retrouvent écartés, car ils ne maîtrisent pas le finnois à 100 %. Le gouvernement reconnaît que cette discrimination à l'embauche freine les politiques favorables à l'emploi des étrangers. Il rappelle que la discrimination à l'embauche est punie par la . La Finlande entend renforcer la lutte contre l'exploitation des travailleurs étrangers et les discriminations tout en développant ses atouts (système éducatif de qualité, dynamisme économique, bonne qualité de vie…) pour attirer les talents étrangers.

Sources :

Travailler
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A propos de

Rédactrice web spécialisée en actualité politique et socio-économique, Asaël Häzaq observe et décrypte les tendances de la conjoncture internationale. Forte de son expérience d’expatriée au Japon, elle propose conseils et analyses sur la vie d’expatrié : choix du visa, études, recherche d’emploi, vie de travail, apprentissage de la langue, découverte du pays. Titulaire d’un Master II en Droit - Sciences politiques, elle a également expérimenté la vie de nomade numérique.

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